L'invité de bleu la rochelle
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Alors que les récentes recommandations du Groupe à Haut Niveau sur la politique viticole apportent des propositions intéressantes saluées par la grande majorité des organisations du secteur, l’urgence dans laquelle se trouve la filière nécessite une application rapide et très concrète des mesures.

La Commission européenne, en parallèle, a présenté le 19 février dernier sa Vision pour l’Agriculture et l’Alimentation à l’horizon 2040, qui sera en quelque sorte l’épine dorsale de sa feuille de route pour les 5 ans à venir. Parmi les recommandations pour le secteur viticole figure la mise en œuvre en 2025 des mesures du Groupe à Haut Niveau sur le vin et l’annonce d’une réforme spécifique de l’OCM viticole à travers un paquet législatif sur le vin, qui sera publiée dans les prochaines semaines.

Appelant désormais à une traduction rapide, la CNAOC et son bras armé européen, EFOW, ont interrogé le Commissaire européen à l’Agriculture et à l’Alimentation, Christophe HANSEN.

À la lumière des conclusions du Groupe à Haut Niveau, pourriez-vous préciser le calendrier prévu pour la mise en œuvre de ces recommandations ? Comment envisagez-vous de renforcer le système de régulation des plantations ainsi que la boîte à outils des mesures de crise ?

La Commission européenne a invité les représentants des États membres de l’Union européenne (UE) à un Groupe à Haut Niveau (GHN) sur la politique du vin  afin de discuter de l’avenir du secteur viti-vinicole de l’UE. Lors de la première réunion de ce groupe, EFOW et d’autres organisations intéressées ont eu l’opportunité de présenter leurs propositions pour un secteur viti-vinicole plus compétitif et plus résilient, ce dont je leur suis reconnaissant. Je crois que c’est uniquement en travaillant ensemble que nous pourrons assurer l’avenir du secteur viti-vinicole de l’UE. En ce qui concerne les recommandations, nous sommes actuellement en train de les analyser et de les évaluer pour voir comment elles peuvent être traduites dans les outils et règlementations de la politique de l’UE. Les premiers pas ont déjà été faits. Un nouveau règlement d’exécution donnant aux viticulteurs plus de flexibilité pour la replantation des vignes a été présenté aux États membres et a été approuvé à l’unanimité par eux. Comme je l’ai annoncé le 10 février devant la Commission de l’agriculture et du développement rural du Parlement européen, compte tenu de l’urgence d’aider le secteur à faire face aux défis actuels, certaines des recommandations seront traitées dans un paquet de mesures spécifiques pour le secteur du vin, que je présenterai prochainement.

Pourriez-vous partager votre vision pour les Indications Géographiques au cours de votre mandat et nous expliquer comment les avez intégrées dans votre « Vision pour l’Agriculture » ?

Nos Indications Géographiques (IG) sont d’une importance capitale, en particulier pour le vin et les eaux-de-vie de vin. Aujourd’hui, près de la moitié des IG dans l’UE concernent des vins et spiritueux, avec plus de 400 Indications Géographiques Protégées (IGP) et environ 1 200 Appellations d’Origine Protégée (AOP), assurant une protection et une reconnaissance spécifiques pour des produits uniques et distinctifs de l’Europe. Plus des deux tiers des vins et spiritueux produits sont des vins sous IG, dont 47 % sont des AOP et 22 % des IGP.

Il est décourageant de voir des produits dans les supermarchés étiquetés de manière similaire à nos produits européens authentiques, et vendus à une fraction du prix. Ces imitations nuisent à la qualité et à la réputation de nos produits uniques, et nous devons donc renforcer leur protection.

Une manière d’y parvenir est à travers nos partenariats commerciaux. Par exemple, notre dernier accord avec le Chili va, pour la première fois, protéger 216 IG agroalimentaires de l’UE, garantissant que les produits de qualité reconnus soient protégés et promus sur le marché chilien. Ainsi, nos producteurs bénéficient de nouvelles opportunités d’exportation et de protections contre les imitations dans les pays tiers.

Quelle est votre position sur l’approche « no safe level » (pas de consommation sans risques) ? Peut-on continuer à compter sur la Commission européenne pour promouvoir le concept de consommation modérée tout en luttant contre les comportements à risque ?

En effet, la consommation excessive et le « binge drinking » (hyperalcoolisation rapide) doivent être activement ciblés et traités, en raison de leur fort impact sur la santé. Le Groupe à Haut Niveau souligne que les mesures de promotion doivent prendre en compte les préoccupations de santé publique, en mettant l’accent sur la modération et en promouvant une consommation responsable, accompagnée de la consommation d’aliments. L’importance du secteur viti-vinicole pour l’économie et la société de l’UE, en particulier son rôle essentiel pour la subsistance de nombreuses communautés rurales, ainsi que son lien profond avec leurs paysages uniques, leur histoire et leur riche patrimoine culturel, ne doit pas être négligée dans cette discussion.

Dans le monde agricole, le revenu des producteurs est une priorité majeure. Quels leviers envisagez-vous pour soutenir ce secteur, et plus particulièrement les appellations viticoles ?

Cette question était au cœur des discussions lors du Groupe à Haut Niveau et les recommandations en sont la réponse. À mes yeux, un agriculteur est un entrepreneur, et nous devons rendre l’entrepreneuriat et la position de l’agriculteur dans la chaîne de valeur plus attractifs.

Pour permettre aux agriculteurs de rester dans cette profession et encourager les jeunes ainsi que les nouveaux entrants, il est crucial d’assurer un revenu agricole juste et suffisant. Les agriculteurs doivent pouvoir obtenir de meilleurs revenus du marché, ce qui leur permettra également de réaliser les investissements nécessaires pour préparer l’avenir et rendre leurs exploitations plus résilientes.

C’est pourquoi, parmi mes premières initiatives en tant que Commissaire à l’Agriculture et à l’Alimentation, je me suis concentré sur le renforcement des organisations de producteurs et l’amélioration de la position des agriculteurs dans la chaîne de valeur. Nous avons proposé des amendements ciblés pour renforcer leur rôle dans les négociations contractuelles, favoriser la coopération et améliorer la transmission des prix. La Vision pour l’Agriculture et l’Alimentation, présentée le 19 février, détaille les mesures pour rendre notre secteur agricole plus attractif, compétitif et résilient face aux défis futurs.

Face aux défis géopolitiques présents et à venir, quelles actions la Commission européenne pourrait-elle entreprendre pour sauvegarder une filière exportatrice comme celle des appellations viticoles ?

La production de vin est et continuera d’être largement soutenue dans l’UE grâce à des régulations spécifiques et au budget de l’UE. Notre secteur viti-vinicole est en effet un secteur phare en ce qui concerne notre commerce agroalimentaire. En 2023, le vin faisait partie des trois premières catégories de produits exportés par l’UE. Cependant, ce secteur doit aussi répondre de plus en plus aux attentes sociétales, notamment en matière d’environnement et de politiques de santé publique. La mise en œuvre des recommandations du GHN améliorera la résilience générale du secteur et l’aidera à faire face aux divers défis.

En tant que plus grand bloc commercial au monde, l’UE est profondément intégrée dans l’économie mondiale et ses vastes chaînes de valeur. L’UE croit fermement que les droits de douane généralisés augmentent les coûts pour les entreprises, nuisent aux travailleurs et aux consommateurs, créent des perturbations économiques inutiles et alimentent l’inflation. Nous pensons que les marchés ouverts et le respect des règles du commerce international sont essentiels pour une croissance économique forte et durable. À notre avis, des droits de douane faibles stimulent la croissance et la stabilité économique au sein d’un système commercial solide basé sur des règles. Comme il a été indiqué, l’UE réagirait fermement face à tout partenaire commercial qui imposerait de manière injuste ou arbitraire des droits de douane sur les produits européens. De plus, bien qu’il n’y ait pas de solutions miracles, les perturbations possibles du marché causées par l’imposition de droits de douane peuvent être abordées par des mesures exceptionnelles que la Commission peut adopter rapidement, comme cela a déjà été fait par le passé dans plusieurs contextes.

 

Source CNAOC

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