« Chers collègues viticultrices et viticulteurs du Cognac,
Nous profitons de l’interpellation des Jeunes Agriculteurs pour avancer de quelques jours notre communication.
Tout d’abord, nous comprenons la colère et la détresse des JA. Le manque de perspective actuelle, ainsi que la précarité et la fragilité des exploitations nouvellement créées les rendent très vulnérables à la crise.
Nous tenons à assurer notre plein et entier soutien aux JA, avec qui, depuis dix ans, nous partageons les mêmes préoccupations.
D’abord sur les vautours, puis, dernièrement, sur tous les défis concernant la viticulture. Nous sommes en effet ensemble montés au créneau pour obtenir des rendez-vous politiques concernant les taxes.
Et ensemble encore, nous avons rassemblé la filière lors de la manifestation du 17 septembre.
Nous sommes, comme toujours, à l’écoute de toutes les propositions émanant des JA. Nous tenons donc à vous réaffirmer notre totale détermination à construire et proposer des solutions concrètes pour apporter plus de résilience à nos exploitations et affronter cette crise.
Nous avons proposé le Volume Complémentaire Cognac Individuel (VCCI) en quelques mois, mais nous avons également, mobilisé tous les partenaires : banques, centre de gestion, MSA, Banque de France, Services de l’État. Et tous sont désormais conscients de notre situation et se tiennent à nos côtés pour répondre à nos besoins dans cette crise.
Évidemment, cela ne répond pas à toutes vos problématiques, et d’autres dispositifs sont d’ores et déjà en construction. Bien que nous essayons de prendre ces sujets à bras-le-corps, et avec volontarisme, nous comprenons ce sentiment de lenteur, en comparaison à la vitesse des changements géopolitiques qui, chaque jour ou presque, nous enfoncent dans la crise.
En ce qui concerne les baisses et le non-respect des contrats, nous les dénonçons également dans la presse depuis plusieurs semaines, ou directement auprès du négoce. Nous avons mis en place, depuis quelques mois déjà, un groupe de suivi qui vous accompagne dans les difficultés contractuelles, et nous rencontrons individuellement chaque maison qui dénonce ses contrats de manière abusive.
Nous en profitons pour le réaffirmer devant vous, nous ne sommes pas la variable d'ajustement du négoce. À ce titre, nous interpellons également le négoce.
Alors que les maisons de Cognac annoncent des résultats financiers certes en baisse, mais toujours très confortables, les viticulteurs, eux, voient leurs enlèvements différés, les contrats réduits, voire supprimés. Certains même de manière illégale ou abusive. Derrière chaque contrat perdu, c’est un viticulteur, une famille, une histoire, un territoire tout entier qui est touché.
Depuis plus de dix ans, nous avons choisi d’accompagner le négoce. Lorsqu’il a fallu planter, nous les avons accompagnés. Lorsqu’il a fallu augmenter la production, nous les avons accompagnés. Et nous avons fait cela en investissant dans la transition écologique, en modernisant notre outil de production, en embauchant et en formant du personnel, avec la conviction que notre filière allait de l’avant, ensemble.
Avons-nous trop fait confiance ?
Nous ne pouvons pas accepter que la viticulture du Cognac serve de variable d’ajustement, au gré des prévisions ou des stratégies commerciales des maisons et PME de négoce.
Dans ce contexte, nous n’oublions pas que ce sont aussi les salariés du négoce, hommes et femmes, qui font eux aussi la richesse de notre appellation, qui subissent aujourd’hui les conséquences de ces choix stratégiques. Chômage partiel, suppression de postes, précarisation.
Nous ne sommes pas opposés, nous sommes les deux piliers d’un même édifice. Quand la filière va bien, nous avançons ensemble. Quand elle est en difficulté, ce n’est pas à ses fondations humaines d’en payer le prix.
Nous posons donc aujourd’hui publiquement ces questions aux maisons de négoce :
- Le négoce ne doit-il pas gérer la crise par la reconquête des consommateurs perdus, en raison de la hausse des prix, plutôt que par la baisse des achats à la viticulture ?
- Comment entendez-vous partager la valeur créée par l’appellation avec la viticulture alors que nous avons pris nos responsabilités en baissant le rendement dans une proportion bien supérieure à la baisse des expéditions, privant de rentabilité une grande partie de nos exploitations ?
- Comment comptez-vous assurer l’avenir de la filière par le renouvellement des générations ?
À l’heure où nos exploitations sont fragilisées, où le moral de nos viticulteurs est en berne, l’UGVC se doit d’être présente, forte et mobilisée, en faisant entendre la voix des viticulteurs avec clarté et fermeté.
Nous sommes fiers de notre métier et nous refusons d’être laissés pour compte. La filière approvisionnement d’une maison de négoce n’est pas un simple poste de dépense, c’est une valeur ajoutée, un socle. Si nous voulons encore écrire les siècles futurs du Cognac, la viticulture doit être présente, forte et pérenne.
Nous sommes les racines du Cognac ».
L’UGVC
L'invité de bleu la rochelle