UGNIC N°73
JUILLET/AOÛT 2022
L’ÉDITO DU MOIS
RÉDACTION
Directeur de publication
Anthony BRUN
Directeur de rédaction
Bastien BRUSAFERRO
Rédactrice en chef
Marine MAUCOUARD
ÉQUIPE
Dylan BOURGEOIS
Mathilde DAEMS
Doriane DECOURT
Marine DURAND
Mégane LASVERGNAS
Chères collègues viticultrices, chers collègues viticulteurs,
Si le mois de juin a été marqué par les orages de grêle, ce qui restera en mémoire sur juillet sera sans nul doute, la température extrême avec plus de 40 degrés à l’heure où j’écris ces mots. Il y a peu, je vous disais que l’adaptation serait un terme important dans les mois et années à venir. Comme nous l’avons vu, nous allons devoir trouver des solutions pour contrer les effets du changement climatique. Cela passera par l’assurance évidemment, mais aussi par des moyens techniques comme les tours antigel, notre réseau de cheminées anti-grêle, les systèmes de filets et les questions agronomiques pour accompagner notre vignoble à supporter ces conditions météorologiques estivales. À ce sujet, votre Conseil d’administration s’est positionné contre le prélèvement dans les nappes phréatiques pour l’irrigation du vignoble. Cette position, fruit de longs mois de discussion, a le mérite d’inscrire notre filière dans une stratégie durable. Oui, nous aurons peut-être besoin d’eau pour assurer la survie de nos vignes, mais, si tel est le cas, assurons-nous de prélever cette ressource si précieuse de la manière la plus durable possible. Si nous devons nous adapter aux effets du changement climatique, nos pratiques doivent être durables pour lutter contre. Enfin, j’aimerais insister sur un point primordial : toute cette adaptation, en plus de celle nécessaire concernant l’amélioration de nos pratiques, a un coût. Vous êtes nombreux à nous faire part de vos questionnements liés à l’inflation. Vous constatez tous une explosion des charges sur vos exploitations et une hausse du second marché nettement au-dessus des pratiques contractuelles. Je pense que notre filière est à un tournant. Nous avons la chance d’avoir un système contractuel que beaucoup nous envient, mais si ce système se transforme en garantie d’approvisionnement bradée, il court droit à sa ruine. Vous êtes quelques-uns à vous être questionnés sur vos contrats avant le dernier aléa et la position de votre syndicat était claire : nos contrats sont un outil essentiel. La grêle n’a fait que raviver la nécessité d’une réévaluation importante du partage de la valeur ajoutée, car comme on peut le constater à ce jour, quand une exploitation ne pourra faire que 3hl/AP/ha, la pérennité de l’exploitation passera dans certains cas au-delà du respect des contrats.
Le partage de la valeur est un pilier du développement durable tout comme la contractualisation, il faut les préserver.
C’est pourquoi, je conclurai en adressant un mot à nos collègues négociants, la viticulture a réalisé des investissements majeurs pour la durabilité et la qualité au cours des dernières années, qui vous ont permis d’honorer vos perspectives de croissance. Oui, la viticulture charentaise aujourd’hui est plus rentable qu’il y a 20 ans, mais cela ne veut pas dire qu’elle doit absorber les augmentations de charges, car en même temps, on constate des chiffres records dans vos entreprises, et que dire du marché libre qui est un tiers plus haut que les contrats ?
Nous avons bâti la réussite actuelle de notre filière par une vision partagée, dans les moments fastes et dans les plus compliqués à prévoir, comme avec la Covid par exemple. Dans cette période économique incertaine, sachons continuer à inscrire cette vision dans un développement équitable pour tous, partageons plus que notre vision, une juste répartition de la création de valeur.
Anthony BRUN, Président de l’UGVC.
L'invité de bleu la rochelle